
UN JEUNE BASQUE DANS LA RESISTANCE,
DE ST JEAN DE LUZ A BUCHENWALD
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Gabriel TELLECHEA
31 Octobre 1919 – Avril 1945

Mariage de Manuel Augustin TELLECHEA et de Josèphe Raymonde BEROCOCHEA
Le 07 Novembre 1913
Aitatxi Agustin 23 Mars 1886 – 09 Mars 1970
Amatxi Mona 29 Juillet 1884 – 27 Décembre 1966
De ce mariage naissent deux enfants :
Pauline née le 11 Septembre 1914 (tatie Pauline),
la maman de Margot.
Gabriel né le 31 Octobre 1919, mon père.
Les enfants en 1921 environ
Aitatxi Agustin est maçon. Amatxi Mona est concierge dans la maison qu’ils habitent, au 10 rue Mazarin “ Les 3 Canons ” à St JEAN DE LUZ.
Aitatxi Agustin a vécu au Front la terrible guerre 14-18, il en est revenu renfermé et à jamais meurtri. Des grands-parents aimants, travailleurs, croyants, espérant mener une vie sans histoire : la guerre de 14-18 ayant déjà apporté son lot de souffrances.
Ernestine Irigoyen (Amatto), ma mère, est employée comme “ nurse ” auprès des enfants Henri et Francine Parsiot, élevés par leur tante Mademoiselle de Gaumicourt.
Ils résident soit à Urrugne à Xandiruen-Borda, soit à
St JEAN DE LUZ dans la maison “ Les 3 Canons ”.
Gabriel effectue sa scolarité à St JEAN DE LUZ.
Au terme de celle-ci, il commence un temps d’apprentissage de préparateur en pharmacie. Après des malentendus avec son employeur, à 17 ans, il s’engage dans la Marine Nationale à ROCHEFORT où il obtient le diplôme d’Infirmier.
La guerre 1939-45 est déclarée.
Démobilisé, il revient à St JEAN DE LUZ, chez ses parents, et travaille quelques mois comme employé de mairie au Service des Approvisionnements.
D’après les renseignements connus, il est membre du Réseau NOTRE DAME - CASTILLE dès le 1er Novembre 1941 sous le pseudonyme Ramsès, comme agent de Renseignement.
Il prépare alors, avec succès, le concours d’entrée dans les services de la Police Régionale de BORDEAUX. Le 10 mai 1942, il entre comme Gardien de la Paix stagiaire. Il est titularisé le 10 mai 1943 et affecté à la 4ème compagnie, rue Ducau, sous le matricule 733.
Sa décision d’aller vivre et de travailler à BORDEAUX, et donc de quitter son travail à la mairie de St Jean, contrarie fortement son père.
La préparation de ce concours a-t-elle un lien avec son engagement dans la Résistance ?
Il fait connaissance avec Amatto, rue Mazarin : tout simplement, elle y travaille.
“ Temps de fréquentation ”, comme on disait à l’époque.
Le tailleur de la mariée est cousu par Madame Doyarçabal, couturière, voisine et amie de la famille IRIGOYEN. Le tissu a été acheté avec les tickets de rationnement, à la boutique Mendiburuteguia de St Jean, et Mayie, la couturière, a prêté ses chaussures qui sont trop grandes pour la mariée qui ne s’en plaint pas. Les tickets ont été utilisés en accord avec les deux amatxi :
La mariée doit être belle…
Les invités de St Jean sont venus à pied, sauf Aitatxi et Amatxi qui sont venus en taxi, conduits par un ami du marié, Monsieur Olasagasti.
Dans le restaurant de la Mairie où a lieu le repas, deux salles sont contiguës : ce jour-là, dans l’une se déroule le repas du mariage, et dans l’autre, déjeunent comme à l’accoutumée pour cette époque, la Feldgendarmerie et l’Encadrement de la douane allemande.
Les frères d’Aitatxi Agustin ont apporté du thon qu’ils ont pêché. Il est cuisiné bouilli et servi en entrée, ensuite du poulet donné par Monsieur et Madame Saint Martin, des desserts confectionnés avec des œufs donnés par quelques familles d’Urrugne, pas de gâteau : on ne trouve plus de farine….
Le repas se termine vers 17h.
Le jeune couple passe la fin de la semaine à Urrugne et, le dimanche, s’installe à BORDEAUX dans une échoppe louée par Gabriel, 157 rue du Hautoir, aujourd’hui rue Jean Renaud-Dandicolle.
Amatto y découvre les réalités de la guerre : la faim, le froid, les files d’attente pour espérer trouver de la nourriture, le racisme anti-juif, les alertes la nuit etc… Ces réalités étaient étrangères à la perception qu’elle avait de la guerre en vivant à Urrugne.
Rien ne transparaît des activités de son mari, qui se rend tous les jours à son travail, semble serein et une naissance pour le mois d’Avril est annoncée dans la famille où l’on se rend assez régulièrement toutes les deux semaines environ.